Un peu de poésie
Triste Zèbre Ravaudeur
Fraichement diplômé, le front fier, tu espères
Rallier tes collègues, tes pairs,
Lorsque d'un sigle inconnu on te gratifie :
Novice, tu ne te méfies.
Prends garde, à présent, tendre et zélé remplaçant,
Que ne te gagne l'amertume
Ton métier, malheureusement,
C'est « clown blanc », « itinérant aux mille costumes ».
D'un professeur, tu en as l'air,
Pourtant tu n'es que TZR,
Du vacataire, le frère,
De la rancœur, la sœur.
Errant de salles en salles, ouvrant, fermant des portes,
Achevant des années scolaires déjà mortes,
Tu donnes naissance à des classes
Qu'on t'enlève, quoi que tu fasses.
Aucun poste ne t'appartient,
Personne qui ne te retienne, te regarde.
Tu aimerais que l'on te garde !
C'est vrai, parfois, n'adopte-t-on pas les bons chiens ?
D'un professeur, tu en as l'air,
Pourtant tu n'es que TZR,
Anonyme, accessoire,
Enseignant provisoire.
Aiguise ton discours mais verrouille ton cour
Sinon tu porteras le deuil
Des élèves, ces enfants laissés sur le seuil.
Un passant ingrat, tu demeures.
Tu apprendras enfin, même sous les huées,
L'art de combler les heures, mais,
S'envolera au fil de ces lentes années,
A jamais le goût d'enseigner.
Ombre, fantôme, usurpateur ?
Tu voulais être professeur .
Tu n'en as plus que l'air :
Tu es TZR.
A.J.