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TZR en colère
TZR en colère
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23 novembre 2006

Un TZR loin du sud

Alors que je me trouvais dans la chaude quiétude de "ma" forêt landaise, un jeudi 31 août, un vague relent d'inquiétude mêlé à de l'affolement me fit décrocher mon téléphone afin de contacter ma DPE...
Quelle ne fut pas sa surprise quand je lui demandai des nouvelles de ma situation : « vous n'avez pas reçu de courrier messieurs ? C’est que moi je rentre de vacances vous comprenez alors je ne suis pas au courant de votre situation… Attendez je vais vérifier… ah si ! Vous avez un établissement de rattachement : le collège trucmuche à machin chose… vous feriez mieux de les contacter messieurs… »

Prérentrée le 1 septembre :
8 heures de voiture en catastrophe (quoi !? Pas de courrier… Pas de prérentrée ! Logique, non ?)
Ce matin là, dans le collège trucmuche, classé violence, attitude fébrile, j'ai croisé des caméras dans le parking des profs… mes collègues me parlent des agressions d'enseignants ayant conduit à la mutation « disciplinaire » de la principale, des deux semaines de grève de l'année dernière, et de la nouvelle principale dont le premier conseil aux néotitulaires est de « ne pas tourner le dos aux élèves »… J'ai un emploi du temps avec 7h30 de cours… COOL pour commencer.

Lundi 4 septembre : bien que n'ayant pas cours j'ai décidé d'aller au collège histoire de faire plus ample connaissance avec l'équipe pédagogique et de « prendre la température » (qui est chaude finalement). Je rencontre la prof principale d'une de mes classes qui m'annonce (de manière physiquement agréable, il y a beaucoup de très jolies professeures dans le collège trucmuche) que je ne suis pas le prof de SVT de sa classe…
Bureau de principal adjoint : « Ah non désolé messieurs D., mais vous n'êtes plus sur notre base, on vous a remplacé par un vacataire... j'ai contacté le rectorat et je n'ai pas eu de réponse… »
Bureau de la gestionnaire: « bonjour je viens rendre les clés de mon casier et des salles de classe... »
Téléphone avec ma DPE : « Monsieur D., pour moi vous êtes un vide administratif »…

Jeudi 14 Septembre matin : toujours pas un seul arrêté, même pas de rattachement…

Jeudi 14 Septembre après midi : Le rectorat, immeuble gris anonyme qui me donne l’étrange impression d’être le Mr K du Procès de Kafka. Un quadra bedonnant est posté devant, adossé à un pilier, grillant une cigarette roulée, il m’interpelle dans un sourire mêlant nicotine et méfaits de l’âge :
« – Vous venez pour quoi ?
– Je viens pour voir ma DPE car je n’ai reçu aucun des courriers administratifs me concernant…
– La DPE ne travaille pas le jeudi après-midi, elle reçoit le vendredi matin. Revenez demain.
– Vous êtes sur ? Si je viens demain, je pourrai la voir ?
– Oui monsieur. »

5 minutes plus tard dans une ruelle sur le coté du rectorat. J’ai encore dans la tête le sourire sardonique du bureaucrate narquois, je prends mon téléphone et compose… le numéro de la DPE :
« – DPE 7 bonjour.
– Bonjour, vous travaillez aujourd’hui, madame ? » (Orgasme cérébral résultat de la combinaison de mon ton ingénu et de la perspective de confrontation à venir avec « le gardien nicotinique du temple).
– Bien sur, vous êtes Mr D ? Cela fait 3 fois que vous m’appelez cette semaine… »
– Oui je suis désolé de vous déranger madame mais je n’ai encore reçu aucun arrêté alors que vous m’avez déjà affirmé me l’avoir envoyé il y a 15 jours…Et j’ai peur du coup si je ne signe rien de ne pas être payé ce mois ci… »
– Bon écoutez, si demain vous n’avez toujours rien reçu. Contactez moi, je tire le document et je vous l’envoie en suivant. »
– Ah ben s’il suffit juste de le tirer, je vais vous économiser un timbre, je suis en bas, je peux monter le chercher ?
– …En bas… En bas ?!!…
– OUI.
(Ton gêné) – Bon ben d’accord vous n’avez qu’à dire en bas que je vous attends. »

Le bedonnant, Le retour.
J’arbore mon sourire le plus dédaigneux possible et lui fais remarquer que l’on m’attends…Il accepte sa défaite, son attitude me laissant entendre  « Eh oui c’est moi qui fais le sale boulot, tu crois que cela m’amuse ? » C’est vrai que je ne l’envie pas…
Je crois que je me suis trompé d’endroit. Dans le hall, un cerbère armé d’un fusil mitrailleur me demande une pièce d’identité avant d’appeler ma DPE, sûrement pour vérifier que je ne suis pas un terroriste islamiste anti-administration déguisé en occidental post-pubère de la mouvance techno surf. Après les formalités, il me donne un badge (TROP la classe !) visiteur avant de m’accompagner (au pas militaire s’il vous plait) jusqu’à l’ascenseur.
Je vous passe mes délires juvéniles dans l’ascenseur (C’est le FBI !!!).
Moment de grâce absolue, je tiens enfin dans mes mains le précieux sésame : mon arrêté d’affectation sur lequel figure juste mon établissement de rattachement. Collège Trucmuche et jolies collègues, nous sommes le 14 septembre, me voilà !
   
Mardi 3 octobre : je reçois un courrier du rectorat. Tiens ! Mon arrêté d’affectation ! J’aimerai bien voir comment fonctionne le service courrier du rectorat…
   
20 Octobre : Mon pays, ma famille, mes anciens collègues et élèves me manquent… L’éducation nationale vient de m’enlever ce pour quoi j’ai travaillé pendant toutes mes études : être devant une classe.
Je m’enfonce dans une immobilité amorphe, je n’envie même pas mes collègues qui passent leurs journées à se démener pour pouvoir faire passer ne serait-ce que 5 petites minutes de connaissances.
Ah elles sont loin ces heures de cours passionnantes au lycée, où je me glissais chaque soir dans mes bouquins d’agrég pour ne pas me faire piéger par les questions de certains élèves (et même de certains collègues, fraîcheur universitaire oblige…) !
Pourquoi m’ont-ils envoyé ici, si c’est pour ne rien faire ? J’essaie de me bouger, je fais ce que je peux dans mon RAD, j’ai rangé le laboratoire, installé des ordinateurs, partagé mes ressources pédagogiques avec mes collègues….J’ai même fais un peu de CDI. Mais à la longue je fatigue, j’essaie d’éviter ma proviseure qui tente de profiter de ma situation pour faire passer ses remplacements Robien.
En rentrant chez moi, dans un appartement à 1010 euros par mois dans lequel les vitres sont si fines que l’ont sent le vent à travers, je distingue avec écoeurement les moisissures verdâtres qui se développent sur le mur alors qu’il fait seulement 16°C et que l’humidité me colle à la peau. Je peste, rien ne marche, ma proprio est une berlusconienne arriviste, mon opérateur Internet me ponctionne alors que je n’ai toujours pas ma connection. Et je reste constamment dans l’angoisse d’un courrier qui m’enverra dans une situation encore pire…

Florilège :

« Et tu es quand même payé ?!!? C’est génial ! T’es payé à rien foutre… ! ».

« Dis moi le TZR, tu veux pas prendre 2 ou 3 de mes élèves chiants pour que je fasse cours tranquille… ? ».

« Eh messieurs, vous êtes le nouveau messieurs du CDI ? »
« Non, je suis là jusqu’à ce soir. »
« Vous êtes surveillant alors ? »
« Non je suis un prof ? »
« Prof de quoi ? »
« Professeur de SVT »
« Ah bon, vous vous appelez comment ? Vous avez des classes ici ? »
« Mr D euh non… »
« .… Je comprends pas monsieur vous nous mitonnez… »
Malheureusement non.

SNIFF

....
J’ai essayé de positiver, de visiter paris, j’ai même pensé m’inscrire à l’agrég (trop tard) et dans un master…Mais bon, du jour au lendemain, tout cela peut changer…Une prof de SVT enceinte va sûrement libérer un poste pour moi. Paris l’anonyme tarde à me délivrer ses clés, c’est peut être la ville lumière mais moi je n’ai pas trouvé l’interrupteur… Tout est immobilisme en mouvement, un fatras d’inerties se croisant, sans se toucher, irrémédiablement…
Mardi, j’ai un stage syndical sur les TZR, peut être que je pourrai partager mon expérience de néotitulaire, comment j’ai l’impression de perdre mon identité de prof que j’ai mis tant de temps et d’efforts à construire. J’ai l’intention également de plus m’engager syndicalement, faire les permanences du SNES me plairait bien…On verra bien.

To be continued… peut être.

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Commentaires
C
Je compatis. 11 ans de TZariat... Rame, rame, rame...
A
et oui, une élève de ce cher monsieur D <br /> juste pour vous dire de ne pas déséspérer, car vous etes un bon prof,<br /> une preuve??<br /> au début de l'année lorsque j'ai dit qui j'avais eu comme professeur l'année d'avant, <br /> on m'a répondu "très bien! tu doit avoir de bonnes bases!!"<br /> et c'est pareil pour les autres élèves de la classe<br /> et puis, on a de très bon souvenirs de vos cours, <br /> beaucoup meme les regrettent<br /> <br /> aurevoir et bonne chance!!!
M
Salut à vous et un grand bravo pour ce blog que je découvre seulement aujourd'hui!<br /> J'aurais besoin de vos lumières pour m'éclairer sur ma situation.<br /> <br /> Je suis tzr en LP dans la région parisienne et je souhaiterai postuler sur un poste spécifique en LP mais mon statut de capétien m’en empêche ! Le système est injuste et ne permet pas aux capétien de bouger et de postuler à des postes intéressant. Je voulais savoir si c’était possible d’écrire au ministre pour lui faire rendre compte de la situation totalement injuste que je vis actuellement.<br /> <br /> Si j’avais passer mon PLP il y a 6 ans, je serais rester dans l’académie de toulouse mon souhait le plus cher ! quel moyen avons nous à notre disposition pour faire bouger les choses ?<br /> <br /> PS : le pire c’est que je suis condamné à rester tzr car il n’y a plus de poste pour les capets et à chaque rentrée je suis suceptible de changer d’établissement comme un vulgaire pion alors que je m’investit et me sens bien dans mon établissement actuel !... je me sens frustré au plus haut point...<br /> PS2: j'ai toujours insisté pour avoir un poste même en LP pour éviter de me retrouver sans élèves et donc sans le travail pour lequel j'ai bataillé pour avoir mon capet. j'aurai pu éviter d'aller en LP en faisant jouer les textes et lois qui je pense sont en ma faveur qui stipule (on m'a dis ça...) qu'en tant que capétien je pourrai refuser les postes en LP!!!<br /> <br /> aidez moi SVP, je veux écrire au ministre pour ce poste spécifique qui me tient à coeur, j'ai besoin d'un modèle.<br /> <br /> cordialement, sylvain.
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