Revoir le décret de 1950 ? Chiche…
L'analyse suivante a été trouvée sur la Toile. Elle nous semble d'une pertinence remarquable :
IL FAUT REVOIR LE TEMPS DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS !
LE DÉCRET DE 1950 EST VRAIMENT TROP VIEUX !
Actuellement, le temps de travail d'un enseignant de collège ou de
lycée est de 18 heures par semaine. C'est, pour les professeurs
certifiés, le seul élément fixe et clair relatif au temps de travail
qui leur est demandé. Il a été fixé par une décret datant de 1950.
Rendez-vous compte ! Ce qui détermine ce qu'un enseignant doit à la
nation date de 56 ans. Il est vraiment temps de se pencher sur un
problème aussi lourd de conséquences.
18 heures par semaines ! Quel salarié ne voudrait pas travailler aussi peu pour d'aussi bons salaires ?
Comment le législateur a-t-il pu créer en 1950 un statut aussi
avantageux ? Il faut peut-être y regarder de plus près. En fait, ce
temps a été conçu en prévoyant qu'un enseignant travaille 1,5 heures
chez lui pour une heure
devant élève afin de préparer ses cours, évaluer les élèves et
actualiser ses connaissances dans sa discipline. Cela fait 18 fois 2,5
heures (1 devant les élèves et 1,5 à la maison), soit 45 heures
hebdomadaires. En effet, le temps de travail légal de l'époque s'il
était légalement de 40 heures par semaine, était en réalité de environ
42 h par semaine, sur 50 semaines.
Mais que s'est-il passé depuis pour les enseignants ? Rien ! Alors
que pour les autres salariés il y a eu la troisième semaine de congé
payé en 1956, puis quatre en 1969. Les 40 heures réelles ont été
atteint au début des années 70 (elle était un droit depuis 1936). Mais
ce n'est pas fini, il y a eu les 39 heures et la cinquième semaine en
1982, puis les 35 heures en 2000. En somme le temps de travail
hebdomadaire pour les salariés a baissé de 25 %. Mais les enseignants
doivent toujours le même service.
C'est au moins un enseignant qui écrit cela vous dîtes vous, en
lecteur éclairé ! Certes je l'avoue, je fais partie de ces privilégiés.
Car, comment peut-on parler de temps de travail sans parler des
vacances ? Et bien justement, le législateur a tout prévu et cela de
deux façon. D'abord 45 heures dues quand les autres devaient 42, ça
c'est pour les petites vacances (Toussaint, Noël...). Car les vacances
c'est pour que les élèves se reposent. Donc notre temps de travail
était annualisé. Mais, et les deux mois d'été alors ? Là, c'est un tout
petit peu plus compliqué. Certains
enseignants ne le savent même pas, d'ailleurs. Cela se situe au
niveau de la grille des salaires. Notre grille a été, elle aussi, fixée
en 1950 au même niveau que les autres cadres de la fonction publique
recrutés avec un concours au niveau bac + 3. Mais à cette grille, il
nous a été retiré deux mois de salaires, puis le résultat a été divisé
par 12.
(Par exemple si un inspecteur des impôts est payé 2000 par mois il
recevra 24 000 par an, mais pour la même qualification, un enseignant
recevra aussi 2000 par mois mais sur 10 mois, soit 20000 par an. Cette
somme est ensuite divisée par 12 et donne 1667 par mois.) Et oui chers
lecteurs les enseignants ne sont pas payés pendant les grandes
vacances.
Oui bon d'accord, peut-être que nous ne sommes pas si privilégiés
que cela concernant le temps de travail. Mais côté salaires, quand
même, nous ne sommes pas à plaindre ! Et bien soit, comparons. Nous
sommes nettement en dessous de la moyenne des cadres du privé comme du
public (qu'on nous prouve le contraire). Mais l'exemple le plus
frappant pour moi de la dégradation de la valeur que la nation
accorde à ceux qui éduquent ses enfants est le suivant. Le salaire de
départ d'un enseignant en 1970 était 2 fois supérieur au SMIC.
Aujourd'hui, il n'est plus que 1,2 fois plus élevé. Autrement dit si
comme le PS l'a écrit dans son projet le SMIC augmentera de 25 % au
cours des cinq ans à venir (et l'UMP l'a augmenté au même rythme annuel
dès cette année), un enseignant débutant gagnera moins que le SMIC.
Faudra-t-il en arriver là pour que la société se rende compte de la
dégradation de
notre situation ?
Alors oui le décret de 1950 est vieux ! Il est vraiment temps de le
toiletter comme le disent nos gouvernants ! Mais dans quel sens ?
Est-ce en faisant en sorte que devions travailler plus pour gagner
autant comme veut le faire M de Robien ?
Laurent TARILLON, enseignant de sciences économiques et sociales à Grenoble